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« Protéger les écosystèmes : approches philosophiques »

Antoine C. Dussault a obtenu un financement du FRQSC pour son projet de recherche en milieu collégial « Protéger les écosystèmes : approches philosophiques », avec ses collègues Geneviève Barrette, Ghyslain Bolduc et Léa Derome-Hétu. Toutes nos félicitations!

Résumé

Bien qu’un consensus large existe aujourd’hui en faveur de la protection des écosystèmes, la formulation de principes d’actions en accord avec cet objectif demeure entravée par l’absence de réponses claires à certaines questions fondamentales telles que : Qu’est-ce qu’un écosystème? Que veut dire « persister » dans le cas d’un écosystème? Comment caractériser leur santé? Notre projet de recherche vise à mobiliser les ressources théoriques fournies par la philosophie de la biologie, la philosophie de la médecine et la philosophie générale des sciences afin d’élaborer les réponses pertinentes à ces questions. Il s’inscrit dans la perspective contemporaine où la philosophie des sciences n’est pas en retrait de la science ou de la société. Sa programmation se décline en trois axes : (1) l’unité des écosystèmes, (2) l’identité des écosystèmes et (3) la « santé » des écosystèmes.

Axe 1 : L’unité des écosystèmes. Les écosystèmes forment-ils des touts qui sont davantage que l’agrégat d’espèces, d’organismes et d’éléments abiotiques qui les composent? Ce premier axe vise à répondre à cette question. Son enjeu est capital pour la protection des écosystèmes dans la mesure où la réponse apportée est susceptible de déterminer si les écosystèmes eux-mêmes (ex. une forêt ou un lac) ou seulement leurs composantes (les espèces, organismes et éléments abiotiques) peuvent être conçus comme des entités à protéger.

Axe 2 : À supposer que les écosystèmes soient plus que la somme de leurs parties, maintiennent-ils une forme d’identité dans le temps? Autrement dit, peut-on affirmer qu’un écosystème reste le même lorsque certaines de ses composantes ou caractéristiques se modifient sous l’effet de différents facteurs? Ce deuxième axe de notre programmation vise à répondre à ces questions. Son enjeu est crucial dans la mesure où protéger un écosystème implique qu’il puisse se maintenir dans l’espace et dans le temps. Il faut donc spécifier ses conditions d’identité. Une forêt de feuillus dans laquelle les chênes ont pris la place des peupliers est-elle encore le même écosystème? Qu’en est-il d’un lac s’ étant transformé en tourbière?

Axe 3 : La « santé » des écosystèmes. Si l’on admet que les écosystèmes sont plus que la somme de leurs parties et qu’ils préservent leur identité dans le temps, peut-on alors formuler des critères de « santé » à leur endroit qui soient en mesure de guider nos efforts de protection de l’environnement? Ce troisième axe de notre programmation vise à répondre à cette question. Son enjeu s’arrime à ceux traités par les axes précédents étant donné la possibilité qu’un écosystème se maintienne ou persiste dans un état dégradé d’un point de vue écologique (une prairie désertifiée, un estuaire en hypoxie, etc.). Comment définir cette notion de dégradation écologique? Un écosystème se trouve-t-il dégradé lorsque sa biodiversité s’est appauvrie? Est-ce plutôt lorsque sa résilience a été réduite? Ou alors lorsqu’il a perdu d’autres caractéristiques? Ces questions soulèvent l’enjeu classique de la relation entre la science et les valeurs.

Nous traiterons les enjeux décrits ci-dessus en mobilisant les ressources théoriques pertinentes que fournit la philosophie des sciences.