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À l’écoute de nos silences: Technologie, communication et marginalisation

APPEL À COMMUNICATIONS : Échéance repoussée!

Le Centre de recherche en éthique (CRÉ) a le plaisir d’annoncer que le Colloque international 2023-2024 de ses boursier.es d’études supérieures sera tenu les 13 et 14 juin 2024, à l’Université de Montréal, et sera consacré au thème « À l’écoute de nos silences: Technologie, communication et marginalisation ».

En philosophie, la question de savoir qui possède le privilège de parler  est cruciale. Depuis le texte de Gayatri Spivak « Can the Subaltern Speak » (1988), « la réalité selon laquelle les membres de groupes opprimés peuvent être silencés en raison de leur appartenance à un groupe [marginalisé] est largement reconnue » (Dotson, 2011: 236-257). En ce sens, Kristie Dotson distingue deux types de silenciation : le « quieting », où un auditoire néglige ou sous-évalue les contributions d’un·e locuteur·trice marginalisé·e, et le « smothering », où les locuteur·trice·s marginalisé·e·s s’autocensurent ou modifient leurs messages, anticipant l’incompréhension ou le rejet. Alison Bailey (2018) identifie en outre le « tone-policing », la pratique consistant à discréditer un·e orateur·trice en critiquant sa prestation émotionnelle (emotional delivery), et le « tone-vigilance », où les préjugés d’un public conduisent au rejet prématuré du message d’un·e orateur·trice en raison de l’intensité émotionnelle perçue, comme des formes significatives de silenciation. Néanmoins, cette silenciation peut engendrer des résistances, parmi lesquelles le « silence positif », défini comme l’adoption d’une écoute attentive et active des expériences des autres pour mieux entendre les voix peu écoutées et s’outiller à percevoir des enjeux qui nous seraient autrement invisibles (Bourgault, 2023).

L’objectif de ce colloque est donc de nous interroger sur les processus de silenciation à l’ère numérique, mais aussi sur la résistance des personnes “subalternes” face à cette silenciation. En effet, l’émergence de nouvelles technologies de communication nous donne aujourd’hui des possibilités inégalées de nous exprimer donnant ainsi l’impression d’une démocratisation de la prise de parole.Pourtant, la liberté d’expression est souvent mal répartie : la prolifération des modes de communication tend à introduire de nouvelles façons de réduire des groupes de personnes au silence. Notamment, des Deep Fake de nature pornographique peuvent être utilisés pour décourager la prise de parole de certaines femmes (Maddocks 2020) et les chambres d’écho virtuelles peuvent homogénéiser les idées au sein des groupes en discréditant d’emblée les positions divergentes (Nguyen 2020). Ainsi, plusieurs voix de personnes marginalisées nécessaires à la compréhension et à la construction d’un monde plus juste sont indûment écartées et ces voix se doivent d’être entendues et comprises.

Nous sollicitons donc des contributions dans des domaines/sujets qui incluent, mais ne se limitent pas à:

  • L’éthique de l’IA
  • Amplification des voix marginalisées
  • La censure et ses implications
  • Philosophie critique de la race
  • Considérations éthiques sur le silence
  • Philosophie politique féministe
  • Impact(s) de la technologie sur la société
  • Philosophie politique autochtone
  • Connaissance, décolonisation et inclusion
  • Philosophie du handicap
  • Philosophie du sexe/genre
  • Épistémologie politique
  • Réconciliation par le discours éthique
  • Sécurité et insécurité à l’ère numérique
  • Épistémologie sociale
  • Justice sociale
  • Médias sociaux et justice

Nous encourageons aussi la soumission de propositions de communication dépassant le cadre des domaines/sujets proposés .

Consignes pour les soumissions:

  • Les résumés ne doivent pas dépasser 300 mots et doivent être adaptés à une présentation de 25 minutes.
  • Veuillez inclure 2 à 5 mots-clés pour votre sujet.
  • Toutes les soumissions doivent être en format Word.
  • Les résumés doivent être préparés pour un examen à l’aveugle, avec le nom de fichier: CRE2024_Titre.
  • Soumettre un document Word séparé avec les détails suivants: nom, titre de la communication, affiliation institutionnelle et informations de contact.
  • Les communications collaboratives sont acceptées.
  • Les candidat·e·s retenu·e·s seront informé·e·s avant le 15 mai 2024.
  • Envoyez vos questions ou préoccupations à colloque.cre2024@gmail.com

Nouvelle échéance pour soumettre vos propositions de communication: le 1er mai 2024.

Organisateurices: Thomas Emmaüs Adetou (doctorat, UdeM); Véronique Chetmi Eyali (doctorat, ULaval); Louis Pierre Côté (doctorat, UQTR); Ann-Sophie Gravel (maitrise, ULaval); Gabrielle Joni Verreault (doctorat, UdeM); Alexis Morin-Martel (doctorat, McGill); Alexandre Poisson (doctorat, UQÀM); et Marie-Christine Roy (doctorat, UdeM). 

Références:

Bailey, A. (2018). On anger, silence, and epistemic injustice. Royal Institute of Philosophy Supplement, 84, 93–115.

Bourgault, S. (2023). Attention, injustices épistémiques et humilité. Politique et Sociétés, 42(3), 135–161.

Dotson, K. (2011). Tracking epistemic violence, tracking practices of silencing. Hypatia, 26(2), 236–257.

Maddocks, S. (2020). ‘A Deepfake Porn Plot Intended to Silence Me’: exploring continuities between pornographic and ‘political’deep fakes. Porn Studies, 7(4), 415-423.

McLaren, H. J. (2016). Silence as power. Social Alternatives, 35(1), 3–5.

Nguyen, C. T. (2020). Echo chambers and epistemic bubbles. Episteme, 17(2), 141–161.

Spivak, G. C. (1988). Can the subaltern speak? In C. Nelson & L. Grossberg (Eds.), Marxism and the interpretation of culture. Macmillan Education UK-London, 271–313.