Fournier

Nouvelle publication !

La professeure Fournier collabore à un ouvrage collectif d’envergure intitulé «L’accommodement de la diversité religieuse : Regards croisés—Canada, Europe, Belgique», réunissant divers auteurs français, belges et canadiens, sous la direction d’Emmanuelle Bribosia et d’Isabelle Rorive (éditions P.L.E. Peter Lang).

Dans leur article «Voiles/Voiler», Pascale Fournier et Emmanuelle Jacques abordent la délicate problématique de l’interdiction du port du voile intégral. Analysant avec minutie le projet loi 94, déposé par le Parti libéral du Québec en 2010, la professeure Fournier s’attarde au fossé sémantique entre ce que la proposition législative prétend accomplir et ce qu’elle vise effectivement. S’inscrivant en aval des débats entourant les accommodements raisonnables, ce projet de loi avait pour seul but annoncé de baliser l’exercice de pratiques ostentatoires, sans reconnaissance du caractère genrifié de la mesure proposée ni d’étude de ses effets sociaux sur les femmes marginalisées. Fournier et Jacques accordent une grande importance aux mots choisis pour véhiculer la «neutralité» étatique guidant l’initiative, derrière lesquels se cachent, en filigrane, des préoccupations d’une toute autre nature.

La professeure Fournier souligne donc les risques d’instrumentalisation d’un objectif social consensuel au détriment de la réalité singulière des femmes, en comparant cet épisode québécois à des initiatives législatives européennes semblables. Bien que le projet de loi 94 soit mort au feuilleton, les préoccupations qu’il a soulevées demeurent hautement pertinentes dans le contexte de ce débat toujours actuel qui ne cessera d’attiser les passions. L’ouvrage «L’accommodement de la diversité» réunit multiples perspectives issues de diverses expertises—philosophie, droit, sociologie, sciences politiques—afin de repenser ce défi épineux qu’est la coexistence de la foi religieuse et d’une laïcité où la rencontre civique est possible et essentielle.

Fournier et Jacques nous appellent à la vigilance: « En réponse à une « crise des perceptions », le projet de loi fournit un remède qui se situe lui aussi sur le registre des « perceptions » : en jouant sur les mots, les subtilités, les significations cachées, le « rapport de ressemblance ou d’égalité entre une représentation et une chose », le législateur québécois contribue éventuellement à « l’énoncé d’un jugement ». Voiler : dénuder. Dissimuler : démasquer. Sur fond de débat, cette oscillation permanente et toujours vaine entre l’exclusion et l’inclusion, la pudeur et la visibilité, l’individu et le collectif. La déchirure d’une rencontre qui n’a jamais tout à fait lieu. (…) À la méfiance généralisée qui fait du voile cet objet de mépris et de peur, toujours distant et différencié, pourquoi ne pas substituer une autre métaphore, celle du corps que l’on souhaite présent et participatif sans pourtant le dénuder? Voiles. Ancrer