Joyeux Noël quand même

Farcir une dinde avec de la mie de pain, faire la file le 25 au matin pour acheter des jouets au Toys »R »us, acheter, gonfler et installer un père Noël sur le toit de sa maison (après avoir acheter, démêler et installer 300 m linéaire de petites lumières multicolores sur le même toit). N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche avec notre façon de vivre la période des fêtes?Dimanche le 24 décembre 2006, par Dominic Martin

Et bien OUI selon James S. Henry (journaliste et écrivain américain). Noël a un grave problème : il échoue lamentablement le test de l’efficience économique.

Voir The Grinch has it right, Why I Hate Christmas, un article de 1990 que le magazine d’opinion américain New Republic, a ressorti des boules à mites pour notre plus grand plaisir. James Henry explique qu’il faudrait abandonner la fête de Noël pour de nombreuses raisons :

-*Les « présents forcés » entraînent une consommation monstre de biens inutiles. Les commerçants se réjouissent de nous voir acheter toutes sortes de choses qui ne se vendraient pas le reste de l’année (entre autre des biens de luxe comme un presse papier en cristal, des oeufs Tiffany, des montres à 15000$ conçues pour ceux qui ont déjà tout et qui sont le moins dans le besoin), cela entraîne une très mauvaise allocation de notre pouvoir de production;
-*Le temps des fêtes augmente la congestion dans les aéroports, dans les centres d’achat, au bureau de poste, au restaurant, dans les rues, bref partout où l’on vaudrait retrouver un peu de calme et de quiétude parce que, justement, on est en vacance;
-*Noël à un impact négatif sur l’environnement, il entraîne la destruction de la flore (et non, les sapins ne forment pas naturellement des monocultures, et ils ne poussent pas déjà enlignés par ordre de grandeur) et de la faune;
-*Les fêtes entraînent des variations saisonnières aiguës des flux monétaires;
-*Noël entraîne une croissance importante de l’absentéisme au travail, une perte de productivité qu’on ne parviendra probablement pas à rattraper dans le reste de l’année;
-*C’est l’un des moments les plus dangereux de l’année, le nombre d’accidents sur la route augmente, le nombre d’incendies, le taux de criminalité, etc.; et finalement
-*Du point de vue de la justice distributive, il aggrave radicalement les inégalités de richesse. La plupart des dons sont faits entre individus de la même classe sociale. Seulement une infime partie de la richesse dépensée à Noël atteint les classes les plus pauvres.

Overall, the message is clear : Christmas imposes a huge efficienty tax on our economy, is hazarduous to our health and safety, and does little to further social justice. …] Modern Christmas is like Keynesianism, a short-run oriented economic experiment that has been tried and found wanting. It is the flipside of the positive contribution the « Protestant ethic » once made to capitalism – Christianity’s high holiday now almost certainly makes us feel worse off.

Que personne ne s’étouffe avec sa biscotte au pâté de campagne. Il faut prendre ce genre de critique avec une pincée (et même une pelletée) d’humour. En fait, ce long plaidoyer a aussi l’avantage de montrer certaines limites de l’analyse économique. Il y a beaucoup de choses qu’un calcul coût-bénéfice ne parvient pas à calculer. À commencer par l’importance que les êtres humains attachent à des choses aussi irrationnelles et apparemment insensées que le respect des traditions, des habitudes, du folklore et des rites religieux.

Dans ces occasions nous faillissions à nos devoirs d’[homo economicus car nous ne nous comportons plus comme des agents rationnels qui cherchent à maximiser leurs gains.

Quand on y pense vraiment, s’entasser avec 30 autres personnes dans un sous-sol de banlieue pendant une nuit entière pour manger des « petits sandwichs pas de croûte » en se transmettant différentes formes d’influenza ou d’herpes buccal est-il vraiment un type de comportement qui va dans le sens de notre rationalité instrumentale?

Poser la question c’est y répondre, mais joyeux Noël quand même!