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Appel aux communications: Journée sur la philosophie de terrain

Organisée par Allison Marchildon (UdeS) et Alexandra Stankovich (UdeS) dans le cadre du Congrès annuel de la SPQ – 6 juin 2024, 8h30 -17h

Contrairement à la croyance populaire, l’exploration d’un terrain en philosophie ou de données issues du milieu de recherche dans laquelle le.la philosophe s’immerge, n’est pourtant pas une pratique nouvelle (Pierron, 2019; Ternier, 2017; Vollaire, 2017). En effet, des philosophes phares dans l’histoire de la philosophie comme la figure de Socrate décrite par Platon ou plus récemment John Dewey ou Simone Weil inscrivaient déjà leurs approches et leur compréhension du monde, ainsi que la place de leurs interlocuteur.trice.s, dans une vision que l’on pourrait qualifier de proto-terrain, c’est-à-dire en ancrant leur(s) réflexion(s) à partir d’espaces multiples et en mobilisant les voix de ceux.celles directement concerné.e.s par leurs recherches.

Actuellement, l’intérêt pour le(s) terrain(s) philosophique(s) empirique(s) et les méthodes de travail interdisciplinaires, voire transdisciplinaires, est croissant dans notre discipline; parfois accueilli avec scepticisme, parfois avec soulagement, le champ de la philosophie de terrain a définitivement fait son entrée dans le milieu académique universitaire (Briggle, 2015; Buchanan et al., 2018; Dekeuwer, 2019; Frodeman et Briggle, 2016; Frodeman et Brister, 2020; Vollaire, 2017). Jusqu’à tout récemment, les chercheur.euse.s s’identifiant au travail « de terrain » en philosophie disciplinaire n’avaient toutefois pas de mots justes pour qualifier et justifier de façon satisfaisante leur approche, parfois menée sous l’égide de l’éthique appliquée ou à la philosophie pratique. Or, un nombre croissant de chercheur.e.s s’associent maintenant à ce qu’elles et ils appellent une philosophie de terrain en France et au Québec (Vollaire, 2017; Pierron, 2019, Stankovich, 2024) ou à la Field philosophy aux États-Unis (Briggle, 2015; Frodeman et Briggle, 2016), permettant ainsi de générer une reconnaissance de cette approche dans les écrits universitaires et scientifiques et un début de légitimation de cette pratique, en lui fournissant un ancrage philosophique qui lui est propre.

En effet, depuis la fin des années 2000, s’est développée une littérature riche, élaborée par des philosophes issus de plusieurs spécialisations, affirmant la pertinence (voire la nécessité) de développer des approches philosophiques ascendantes (bottom up) et ancrées dans les milieux de recherche (Briggle, 2015; Buchanan et al., 2018; Dekeuwer, 2019; Frodeman et Briggle, 2016; Frodeman et Brister, 2020; Vollaire, 2017). Conçu ainsi, le terrain, en philosophie, devient donc un espace avec lequel réfléchir et où une démocratisation des savoirs et de leur production s’instaure (Briggle, 2015; Frodeman et Briggle, 2016; Frodeman et Brister, 2020; Stengers, 2019; Vollaire, 2017). La philosophie de terrain, à la croisée des chemins entre la philosophie et les sciences sociales, permet donc aux chercheur.euse.s d’ancrer et de développer leur travail à partir des espaces dans lesquels il.elle.s s’engagent (sans pourtant les y restreindre exclusivement). En partageant le terrain physique – et parfois conceptuel – avec les participant.e.s, ce champ philosophique demande à ceux.celles qui s’y consacrent de (re)considérer les savoirs expérientiels de ceux.celles concerné.e.s par la recherche comme indissociables d’une réflexion philosophique incarnée. Ceux et celles qui font ce type de recherche doivent se décentrer de leur propre expérience et se familiariser, s’immerger dans le milieu avec lequel il.elle.s (se) réfléchissent, afin d’accomplir un réel travail réflexif et définitionnel ancré (Briggle, 2015 Frodeman et Briggle, 2016; Stengers, 2018; Vollaire, 2017). Le.la philosophe prend alors une position où il.elle questionne les participant.e.s et, comme un agent catalyseur, multiplie les angles d’approche amenés par leurs réflexions et leurs connaissances (Briggle, 2015; Frodeman et Briggle, 2016). Cette manière de faire de la philosophie permet d’offrir une réflexion riche, nuancée et directement liée aux expériences vécues sur le terrain.

Dû à l’intérêt occasionné par ce colloque l’an dernier, nous souhaitions proposer une seconde édition au Congrès Annuel de la Société de Philosophie du Québec (SPQ), afin de poursuivre le dialogue avec ceux.celles qui s’impliquent activement dans ce champ philosophique. Dans le but d’esquisser les contours de la philosophie de terrain et d’en dégager les conditions de possibilité, nous souhaitons interpeller les différent.e.s chercheur.e.s considérant faire de la philosophie de terrain, qu’il s’agisse de professeur.e.s ou d’étudiant.e.s, mais aussi des gens issus de milieux professionnels et des intervenant.e.s, dans la mesure où elles et ils combinent à la fois les données empiriques et la réflexion philosophique.

Éléments nécessaires pour soumettre votre communication :

  • Titre de votre communication;
  • Prénom(s), nom(s);
  • Affiliation(s) universitaire(s)
  • Court résumé de votre communication (300 mots MAX)

Date limite : LUNDI LE 15 AVRIL 2024, 23H59

Pour toute information, n’hésitez pas à contacter Alexandra Stankovich (staa2305@usherbrooke.ca).

Illustration: Léon Augustin Lhermitte