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Ensauvager, racialiser, coloniser

Juliette Roussin nous invite à assister à la conférence de Magali Bessone (professeure de philosophie politique à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), qui sera donnée dans le cadre du séminaire « Lieux et figures philosophiques du ‘sauvage’: XVIIIe-XXIe siècles » qu’elle dirige à l’Université Laval.

Quand? Mardi 22 février 2022, de 15 h 30 à 17 h 30.
Lieu? Salle virtuelle zoom. Pour y assister et obtenir le lien zoom, il suffit de vous inscrire à l’adresse suivante: frederique.jean.2@ulaval.ca.

En partant de la critique opérée par Frantz Fanon dans Peau Noire, Masques Blancs de l’équivalence entre sauvage et Noir dans les représentations collectives françaises en 1952, on s’attachera ici à explorer un moment généalogique particulier du « mythe du sauvage », où se sont nouées certaines déterminations centrales, dénoncées par Fanon, du mythe et de ses usages. Au 18e siècle en Europe (et en particulier en France), le mythe est massivement mis au service de l’expansion coloniale et de l’ambition de classification raciale de l’humain, alors que s’affirme l’égalité du genre humain.

On montrera 1) que le sauvage, construit normativement comme « bon » ou « mauvais », « noble » ou « ignoble », s’entend donc en réalité au pluriel et dans une cartographie/hiérarchisation complexe de l’humanité où l’Européen blanc se positionne comme le « civilisé » qui organise l’ordonnancement (spatial, temporel, moral, esthétique, politique) du monde humain ; 2) que la normativité attribuée au sauvage se justifie à la fois biologiquement et politiquement, associée à la double tentative d’appréhender et stabiliser l’objet des « sciences humaines » comme objet à la fois naturel et social, et de mettre en ordre et contrôler les corps politiques.

L’hypothèse poursuivie est que la racialisation du « mythe du sauvage », au cœur du « tournant anthropologique » des Lumières, s’inscrit dans un ensemble de pratiques discursives et matérielles, socio-politiques, de repérage et d’évaluation de l’altérité, visant à justifier la déshumanisation des groupes humains à exploiter, posséder ou exterminer, alors même que s’affirme le principe de l’égale dignité de tous les humains. Le « sauvage » racialisé des Lumières est devenu le « colonisé » fanonien.