/home/lecreumo/public html/wp content/uploads/2016/09/greea

Bonne nouvelle pour le GRÉEA!

Nous nous réjouissons d’apprendre que le Groupe de recherche en éthique environnementale et animale (GRÉEA) vient d’obtenir un financement dans le cadre du programme de Soutien aux équipes de recherche du FRQ-SC pour son projet intitulé « Les enjeux fondamentaux et implications pratiques de nos rapport avec les animaux et la nature », dirigé par Kristin Voigt (McGill).

Les grands enjeux qui concernent nos relations avec l’environnement et les animaux ont pris une importance considérable au cours des dernières années. En effet, la crise écologique tout autant que la médiatisation des traitements cruels que subissent les animaux dans les fermes industrielles et les abattoirs provoquent une prise de conscience générale et s’imposent parmi les intérêts de recherche d’un nombre croissant de membres de la communauté universitaire. Certes, ce sont surtout les effets dévastateurs sur l’environnement de nos excès consuméristes ainsi que les immenses souffrances animales entrainées par la quête de profit des grandes corporations qui soulèvent l’inquiétude et l’indignation des citoyennes et citoyens autant que les préoccupations des éthiciens et éthiciennes. Les réflexions que ces sentiments suscitent ne se limitent toutefois pas aux seuls excès ou aux pires abus, mais conduisent à la remise en cause de l’anthropocentrisme, cette thèse voulant que l’être humain se trouve au sommet de la hiérarchie morale des entités dans le monde et qu’il soit en droit d’utiliser les diverses composantes de la nature pour ses fins. Cette idée domine l’histoire de la pensée occidentale depuis ses origines et a trouvé son prolongement dans l’humanisme, cette doctrine selon laquelle l’être humain est la mesure de toute chose. Même la théorie de l’évolution darwinienne qui contredit l’hypothèse d’une discontinuité entre les êtres humains et les autres animaux ne nous a pas permis de dépasser l’idéologie de l’exceptionnalisme humain. Ce n’est que depuis peu, et grâce aux réflexions menées en éthique animale et en éthique environnementale, que les piliers de l’humanisme se fragilisent. Bien que les contours précis de l’anthropocentrisme et de l’humanisme soient controversés, les tenants du pathocentrisme, du biocentrisme et de l’écocentrisme soutiennent que l’appartenance à l’espèce Homo sapiens ne saurait déterminer les frontières de la communauté morale. On se questionne sur le statut moral des animaux non humains, sur la valeur de l’environnement, ainsi que sur la manière dont les individus et les communautés politiques pourraient avoir à repenser leurs manières de faire, notamment au regard des changements climatiques et des autres défis environnementaux, mais aussi de nos choix alimentaires. Différentes solutions ont été proposées, telles que l’octroi de droits légaux aux animaux ou aux différentes entités naturelles comme les rivières. Les conflits potentiels entre les perspectives de l’éthique animale et celle de l’éthique environnementale, ainsi que la manière de les résoudre sont examinés. L’éthique animale et l’éthique environnementale sont des champs de recherche nouveaux, mais en pleine expansion.

C’est cette mise en cause de l’anthropocentrisme qui réunit les membres du Groupe de recherche en éthique environnementale et animale (GRÉEA). Au cœur des enjeux qui retiennent leur attention se trouvent les débats entourant les critères de considération morale, et les implications pratiques des théories selon lesquelles certaines entités non humaines ou des systèmes ont une valeur non instrumentale. Leur ambition est aussi de clarifier les implications normatives des avancées scientifiques (comme la théorie de l’évolution, les découvertes en écologie et les percées en sciences cognitives), qui nous ont amenés à remettre en question l’idée que l’être humain se trouve au centre du monde, à nous rendre compte de la fragilité des équilibres écologiques et à mieux comprendre les capacités et intérêts des animaux non humains.

Dans la continuité de ce qui s’est fait jusqu’à présent au sein du GRÉEA, la programmation pour les deux années à venir vise ainsi à questionner l’anthropocentrisme dominant pour envisager d’autres manières de penser notre rapport au reste du monde, à l’ère de l’anthropocène. Les questions centrales qui n’ont pas encore trouvé de réponse définitive dans la jeune littérature sur le sujet et sur lesquelles se penchent les membres de notre équipe sont les suivantes : Quelles relations serait-il juste d’entretenir avec les animaux non humains et l’environnement? Quelles sont les circonstances qui rendraient possible cette justice? Puis, quelles connaissances sont utiles pour déterminer nos devoirs de justice et savoir comment les accomplir?

Pour y répondre, la programmation ambitieuse du GRÉEA pour 2019-2021 se divise en trois axes de recherche, recouvrant respectivement : 1) les enjeux normatifs fondamentaux; 2) les questions pratiques; et 3) les considérations épistémologiques. Chacun des axes réunira plusieurs chercheurs et sera coordonné par deux responsables. Plusieurs des chercheurs impliqués ont déjà travaillé ensemble à l’occasion d’ateliers, de tables rondes publiques ou de conférences, et comptent renforcer leurs collaborations et soumettre des demandes de cofinancement.

L’émergence du GRÉEA comme équipe de recherche soutenue par le FRQSC leur permettra de le faire.

Toutes nos félicitations et longue vie au GRÉEA!