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Odome Angone (Université de Cheikh Anta Diop de Dakar)

Quand :
5 mai 2022 @ 14:00 – 15:15
2022-05-05T14:00:00-04:00
2022-05-05T15:15:00-04:00
Où :
Mode hybride. Salle C-2059 du Carrefour des arts et des sciences
Pavillon Lionel-Groulx
3150 rue Jean-Brillant
Université de Montréal
Conférence de professeure Odome Angone (Université de Cheikh Anta Diop de Dakar) organisée par le CRE en collaboration avec le vice-recteur Jean-François Gaudreault-Desbiens. 
Pour y participer par Zoom, c’est ici!

Titre de la communication: Femme africaine, clichés et stéréotypes. Une conversation sur l’héritage colonial du patriarcat.

Bio: Odome Angone est une enseignante-chercheuse en poste à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ses travaux portent essentiellement sur l’identité articulée aux nouveaux espaces de l’habiter contemporain en l’occurrence l’imaginaire, le cybermonde, la langue et le milieu universitaire dans une certaine mesure en tant qu’agents du statuquo et cadres de perpétuation des inégalités structurelles. Militante défenseure des Droits des femmes africaines, ses axes de recherches s’intéressent aux féminismes africains dans une perspective intersectionnelle et décoloniale. Femmes noires francophones (2020) son essai le plus récent est à ce titre une réflexion sur le patriarcat et le racisme aux XX-XXIèmes siècles.

Résumé: Dans l’inconscient collectif, lorsque l’on pointe du doigt les traditions patriarcales moyenâgeuses en Afrique, on ne les associe presque jamais aux nombreuses manifestations métastatiques de la langue française en tant que véhicule/catalyseur/vectrice des imaginaires et par conséquent, héritage résiduel en lien direct avec l’institutionnalisation de la domination des corps féminins à l’aune du Code Napoléon de Mars 1804, une des pierres angulaires à nos jours du patriarcat suprématiste.

Insister sur le rôle qu’exerce activement à nos jours la survivance du colonialisme comme surgeon corolaire polluant, force motrice en arrière-plan et refoulé symptomatique du passé irrésolu dans la mise en récit d’un imaginaire patriarcal unanimement clivant, scandé vertigineusement au Sud du Sahara, permet d’inscrire les clichés et stéréotypes dans l’écosystème d’une longue tradition de construction des corps « autres », enfantés spécifiquement dans l’antre des politiques réductionnistes de l’Ancien empire français en Afrique. In fine, cela permettra de démanteler l’arbre qui cache la forêt, c’est-à-dire la mise en relief des dommages collatéraux corrélés aux rapports de pouvoir encore opérant dans nos récits (in)consciemment, quoique brouillés par la distance géographique.

Pour précision, le patriarcat en tant qu’épine dorsale institutionnelle ou charpente référentielle visant le contrôle des corps « femmes » et la naturalisation binaire des inégalités de sexes, au sein de l’administration postcoloniale (ou postindépendances) en Afrique francophone, est mis en pratique dans le cadre du droit civil de la famille, à partir d’une adoption mimétique, à la virgule près, du code civil français, plus précisément le code Napoléon de 1804 en héritage; lequel dote la figure masculine d’une puissance maritale oppressive, réduisant la femme en une mineure éternellement sur béquille, infantilisée, sous tutelle juridique, économique, intellectuelle et matérielle au côté du conjoint.