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La participation. De l’ontologie aux réseaux sociaux.

L’Association des sociétés de philosophie de langue française (ASPLF) tiendra son congrès 2021 à la fois en distanciel et en présentieldu 25 au 29 août 2020. Emmanuel Picavet participe, en tant que membre du Bureau de la Soc. Fr. de Philos à son organisation.

On attend vos propositions de communications!

Participer, c’est d’abord prendre part à quelque chose (action, opération, résultat) ou, à tout le moins, le vouloir. La participation relève du capere, prendre, coopérer à une partie de l’action envisagée (politique, travail, vie privée ou publique). Manière pour les hommes de désirer inscrire leur marque dans le réel, de ne pas se résoudre à l’anonymat muet de l’existence. Manière d’œuvrer activement et à son échelle, au devenir d’une entreprise, quelle qu’en soit la nature. La « démocratie participative » est désormais une revendication récurrente du champ social et politique. Elle atteste ce besoin plus fort, peut-être, dans des sociétés valorisant de plus en plus l’horizontalité du partage consenti, plutôt que la verticalité abrupte du pouvoir ou de la décision.
De plus, les nouvelles technologies appellent et conditionnent ces transformations mentales et ces usages de la communication : réseaux sociaux, Internet, smartphone etc. La participation relève-t-elle alors du leurre, du désir illusoire,  du virtuel, du mythe ou de la réalité à inventer et à bâtir ? Le travail à la chaîne d’autrefois serait-il remplacé par la participation en ligne ?
En langage ontologique, la participation signifie dépendre de ce qui n’est pas soi et qui, pourtant, confère être, existence, discours et connaissance. Et cela jusque dans les usages courants de l’expression « participer de » en langue française. Le sensible platonicien participe de l’intelligible, s’il doit recevoir une consistance et une densité de réalité vraie. « Participer de » devient la reconnaissance assumée du lien qui renvoie à la Source de tout ce qui est engendré dans le monde cosmique – par la médiation du démiurge contemplant le Modèle de perfection originaire –, comme dans le topos noêtos où le rapport et la communication des Idées sont référés au Principe premier d’Unité. Le Beau, le Bien, le Juste, le Vrai – autant de vocables pour dire l’Un – se donnent comme le Principe, la Source et la Fin de tout ce qui est, grâce à la participation forte qui le relie à ce qui dépend de lui, ontologiquement et gnoséologiquement, (le multiple, le non être, le devenir,  toute forme de négatif ou de mê on).
Une tension n’apparaît-elle pas entre le désir d’expression et le souci de maintenir la rationalité ? Les pratiques contemporaines, dans leurs développements informatiques, suscitent aussi des questions proprement ontologiques, relatives aux langages, aux interactions, aux catégories. Comment la philosophie peut-elle, dans ce registre, contribuer à instituer le dialogue ?