COUV07-1BD - copie-1

Appel à contributions pour le huitième numéro de la revue Tête-à-tête

ANIMAL

N° 08 (printemps 2016)

À l’heure où les scientifiques nous alertent sur l’accélération inédite de la raréfaction de certaines espèces et sur le danger que celle-ci fait courir à l’humanité, nous prenons soudain conscience, comme jamais auparavant, de l’interdépendance entre l’homme et l’animal. En découle peut-être l’intérêt grandissant pour les études éthologique qui nous conduisent à mettre en doute tout ce que nous tenions pour certain concernant l’animal et ce qui nous différencie de lui. La frontière entre l’homme et l’animal devient ainsi mouvante. Progressivement, nous nous mettons à lui reconnaître la capacité de souffrir, d’être ému, d’avoir une culture, mais aussi des traits individuels. Tandis qu’avec la disparition des grands singes prévue dans une trentaine d’années, nous allons perdre le dernier lien vivant avec notre évolution, l’anthropomorphisme fait place au zoomorphisme : nous nous mettons à explorer tout ce qui, de l’animal de sa nature et de ses qualités, a laissé une trace chez l’homme.

Jean-Christophe Bailly fait remarquer que, face à une « déclaration d’intensité à l’égard des bêtes », on a tendance à ressentir de la gêne, comme s’il y avait là un sentimentalisme voire une sensiblerie excessive à l’égard de quelque chose qui n’en vaut pas la peine. Pourtant, l’animal semble en voie de conquérir une place nouvelle. En témoigne la loi votée récemment en France qui, dans le code civil, le fait passer de « bien meuble » à « être vivant doué de sensibilité ». C’est un premier pas, bien qu’encore insuffisant pour ceux qui pensent, comme Gandhi, que la grandeur d’une nation peut être jugée à la façon dont elle traite ses animaux. Dès lors, ne sommes-nous pas prêts à modifier le regard que nous portons sur l’animal et à lui laisser une place nouvelle ? Non plus une case – cage ? – constituée de déterminations et de critères le tenant à distance et assurant notre domination sur cet « autre », mais une place réelle, indéterminée, faite d’inconnu : un territoire que l’animal, qui fuit, se cache et nous échappe, serait libre de tracer lui-même ? Les oeuvres et les idées actuelles témoignent-elles de ce déplacement du regard, et d’un renouveau de notre rapport à l’animal ?

Dans ce numéro, il s’agira moins de chercher « l’animalité en nous » que de comprendre comment les artistes, penseurs et auteurs trouvent de nouvelles voies pour réfléchir à l’animal, loin des poncifs établis et des humanisations d’usage. Trouve-t-on dans leurs démarches un écho des prises de conscience récentes, débouchant sur l’exploration des frontières mouvantes entre humanité et animalité, sur la possibilité de considérer les animaux comme des individus, ou encore sur le désir de rendre visible non ce qu’on croit connaître et dominer, mais ce qui nous étonne, nous émerveille, nous échappe, se soustrait à notre regard et pourtant nous regarde ?

—————————————

Les projets seront rédigés selon les modalités suivantes :

a) Une proposition d’entretien argumentée, en relation directe avec le thème du numéro, ne dépassant pas 3000 signes ;
b) Une ébauche de questionnaire comportant une dizaine de questions donnant les principales orientations de l’entretien ;
c) Deux courtes bio-bibliographies (vous et la personne avec laquelle vous voulez faire l’entretien).

——————————————-

Les projets sont à envoyer par mail à l’adresse suivante : contact@revue-tete-a-tete.org

——————————————-

Date limite de réception du projet : 1er juin 2015
Date limite de réception de l’entretien définitif après acceptation du projet : 19 octobre 2015

www.revue-tete-a-tete.org