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Préjudice et responsabilité épistémique

Rencontre organisée par la chaire Ethique et Finance de Christian Walter et Emmanuel Picavet, avec le groupe de travail « Normativité environnementale face aux catastrophes climatiques » (NECC à l’ISJPS – UMR 81-03 et à l’Ecole d’Economie de la Sorbonne) du LabEx DYNAMITE

Le mardi 7 décembre 2021, FMSH, 54 bd. Raspail (Paris 6e)

Argumentaire

En 2015, dans son livre intitulé Ethics and the Global Financial Crisis. Why Incompetence is Worse than Greed, Boudewijn de Bruin attirait l’attention sur les défaillances épistémiques à l’origine de la crise de 2008, ce qui a été pris très au sérieux dans les travaux de la Chaire Ethique et Finance du Collège d’Etudes Mondiales sous l’égide de la FMSH. 

Nous avons examiné en décembre 2020 une vertu intellectuelle particulière qui nous semble aussi importante qu’elle est généralement négligée : la responsabilité épistémique, par quoi nous entendons la disposition à reconnaître, à prévenir et à corriger les conséquences de ses fautes épistémiques, et bien sûr la capacité de faire le partage correctement entre les rôles des acteurs. L’année écoulée vient hélas de montrer à quel point cette vertu manque au débat public, avec la multiplication de polémiques entretenues de manière parfaitement irresponsable sur le plan épistémique. 

Dans le contexte que nous connaissons, la question de la responsabilité épistémique est particulièrement d’actualité. Or, si les préoccupations que recouvre la notion trouvent aujourd’hui un certain écho (à la suite de la pandémie de Covid 19 notamment) en termes de justification publique, il y a des raisons de penser que la réflexion publique et les analyses savantes ne progressent pas très vite lorsqu’il s’agit de comprendre l’impact (les conséquences) du maniement irresponsable de modèles ou de théories mal corroborées ou dont le propos est hâtivement détourné. 

En effet, la mise en accusation souvent complaisante de la science et des scientifiques contribue certainement à masquer une représentation sereine des risques et des torts qui peuvent découler d’une sollicitation hasardeuse des travaux spécialisés. C’est en particulier le cas, semble-t-il, lorsque le but de ces travaux n’est pas de transformer la réalité sociale ou institutionnelle (mais plutôt de l’expliquer, d’en prédire le fonctionnement, etc.). 

De plus, comme peuvent l’illustrer les contributions récentes au sujet de quelques-unes des grandes dérives du monde financiers au cours des dernières décennies, il est plus important que jamais d’interroger le partage des rôles. Il y va de l’attribution correcte des actions décisives et de l’imputation des responsabilités. Sont également en jeu les chances d’une meilleure compréhension de la responsabilité dans la conception des systèmes d’information, de contrôle et de délibération dans lesquels s’insèrent les actions personnelles. Ainsi, il faudra s’interroger sur les manières de donner une prise juridique à la notion de responsabilité épistémique des dirigeants ou de s’en abstenir (et pour quelles raisons alors). Dans cet ordre d’idées, le problème de la traduction juridique de la notion de responsabilité épistémique est évidemment d’une importance cruciale.

La rencontre aura lieu en « présentiel ». Passe sanitaire obligatoire.

Contact : 

Christian.Walter@msh-paris.fr

Emmanuel.Picavet@univ-paris1.fr

 

Programme

14h Accueil

14h15 Erwan LAMY (ESCP Business School) : « Les responsabilités épistémiques : panorama et enjeux »

14H45 Julien GASBAOUI (Avocat au barreau de Paris, Maître de conférences associé à l’Université d’Aix-Marseille) : « Retour sur quelques leçons à tirer de l’affaire Kerviel »

15h15 Véronique COQ (Université Sorbonne Paris Nord (Paris 13) : « La performance épistémique au soutien de l’achat public durable. Réflexion sur la prévention des risques environnementaux dans la commande publique »

15h45 Pause

16h Christian Walter (FMSH et Kedge) : « Du préjudice économique à la responsabilité épistémique: le cas de la responsabilité des dirigeants dans l’affaire Kerviel »

16h30 Emmanuel Picavet (FMSH et université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « Intégrité scientifique, liens d’intérêt et responsabilité épistémique »

17h Laurent Bibard (ESSEC) « Sur naïveté épistémique des dirigeants. Problématiser certains présupposés de la connaissance et de l’action contemporaines »

17h 30 Débat général

18h30 Fin de la rencontre