Le grand saut normatif

19 décembre 2006, par Dominic Martin

On pouvait lire dans le cahier affaires de La Presse hier, un article sur les effets dévastateurs du piratage sur l’industrie du droit d’auteur. Le texte, signé par Martin Boyer et Marcel Boyer (Menace grandissante pour les droits d’auteurs, 18 décembre 2006), n’est malheureusement pas accessible en ligne.

Voici l’idée générale : les deux auteurs affirment que l’industrie des droits d’auteurs, qui regroupe les journaux, les livres, les périodiques, la musique, les films, la radio, la télévision, les programmes d’ordinateurs, etc. représente plus de 7% du PIB canadien. Nous vivons dans une économie du savoir, et l’importance de ce secteur est appelée à augmenter. Mais voilà , la communauté internationale, les gouvernements, l’industrie ne réussissent pas à faire adopter une régulation efficace contre le piratage ce qui gruge considérablement les profits.

Devant les difficultés et les défis que posent ces développements, certains commentateurs errent en prônant une définition plus laxiste des droits de propriété intellectuelle. Il faut au contraire consacrer les ressources nécessaires à résoudre ces problèmes de piratage dur et mou plutôt qu’à les nier, tant au niveau national que transnational.

Dans le même journal, le même jour, mais pas dans le même cahier, Alain Brunet écrivait (Le relatif succès de iTunes, 18 décembre 2006) :

Mark Mulligan, à l’instar de la plupart des observateurs sérieux du phénomène de la vente de musique en ligne, prédit pour 2007 une croissance marquée des services légaux de musique en ligne… gratuits parce que financés par la publicité.

N’en déplaise à M. Boyer et Boyer, la solution au problème du piratage se trouve peut-être là . Une industrie du droit d’auteur entièrement financée par la vente de produits dérivés comme la publicité.

Les deux auteurs affirment que le problème du piratage n’est pas lié au développement de nouvelles technologies, mais je pense que c’est tout le contraire. Dans ce cas précis, on peut assister à une véritable transformation de nos catégories normatives (ce que nous jugeons bien ou mal, acceptable ou non) suite aux effets du développement technologique. Il nous aurait paru inconcevable, il y a 30 ans à peine, qu’une entreprise fasse du profit en diffusant gratuitement de la musique et en vendant de la publicité de cette façon.

On va en reparler.