Najem

Joséphine Najem

Joséphine Najem complète une thèse en sciences biomédicales à l’Université de Montréal. Elle s’intéresse à l’éthique de la prise de décision dans le cadre du transfert des personnes âgées atteintes d’un déficit cognitif mineur, en particulier dans les unités de soins de courte durée.

Postes occupés

2012-2013 Boursier-ère d'études supérieures,

Biographie

Ma thèse s’intéresse à l’éthique de la prise de décision dans le cadre de la relocalisation des personnes âgées atteintes d’un déficit cognitif mineur, en particulier dans les unités de soins de courte durée. Suite à un épisode d’hospitalisation, les personnes âgées sont fragilisées, parfois incapables de retourner à leur état fonctionnel de base. En général, le patient doit pouvoir retourner à son milieu de vie initial. Cependant, les patients âgés ayant des besoins complexes peuvent requérir des services particuliers dans des résidences adaptées ou des unités de soins de longue durée.

D’autre part, les longues listes d’attente et les « lits bloqués » sont de grands soucis pour les systèmes de santé dans la plupart des pays. Ceci a conduit les planificateurs dans le domaine de la santé à développer des stratégies qui puissent raccourcir la durée d’hospitalisation. Le but ultime de telles stratégies serait de libérer le plus grand nombre de lits d’hôpital afin d’admettre les patients qui sont sur les listes d’attente ou dans les salles d’urgence. Ainsi, les professionnels de la santé sont encouragés à développer des stratégies visant à raccourcir la durée d’hospitalisation afin de libérer un plus grand nombre de lits d’hôpital. Une des stratégies serait de mettre en place des processus efficaces et efficients de planification du congé de l’hôpital.

La planification du congé de l’hôpital est le développement d’un plan individualisé ayant pour but de raccourcir le séjour à l’hôpital et d’améliorer l’état du patient. Impliquer le patient dans la prise de décision serait idéal afin de garantir les droits de celui-ci à faire ses propres choix. Cependant, un certain nombre d’obstacles viennent prévenir le patient de choisir pour lui-même. Un patient âgé est plus à risque d’avoir des problèmes cognitifs l’empêchant de prendre des décisions libres et éclairées. Lorsque le patient est déclaré inapte à prendre des décisions par rapport à son congé de l’hôpital, ses proches ou une curatelle publique sont autorisés à prendre des décisions en son nom. Le problème devient plus complexe lorsque le patient présente un déficit cognitif mineur à modéré. La multiplicité des acteurs et leurs croyances et intérêts engendre des dilemmes éthiques.

Beauchamp et Childress (2001) décrivent 4 principes qui pourraient guider les professionnels de la santé dans leur pratique quotidienne à savoir la bienveillance, la non malveillance, le respect de l’autonomie du patient et la justice. Ces principes permettent aux médecins d’identifier les situations éthiquement conflictuelles. Ainsi, le respect de l’autonomie et la justice entrent en conflit lorsque le patient requiert des ressources médicales rares dont d’autres patients pourraient bénéficier plus que lui. Le principe d’autonomie peut se trouver en conflit avec les principes de bienveillance et de non malveillance lorsque le patient refuse les recommandations des professionnels de la santé.

Le « principlism » serait-il un bon guide pour la prise de décision dans le cadre de la planification du congé d’hôpital? Sinon, quelle en serait l’alternative? Le but de l’étude serait de proposer un cadre éthique de prise de décision dans le contexte de la relocalisation de la clientèle âgée atteinte de déficits cognitifs mineurs.

Si l’on veut répondre à cette question globale, il est inévitable de discuter les 4 principes dans le cadre de la prise de décision de la relocalisation des patients âgés atteints de déficits cognitifs mineurs. Ainsi, cette première question engendre plusieurs sous-questions. Est-ce que les membres de la famille du patient âgé atteint de déficit cognitif sont les meilleures personnes à prendre les décisions de relocalisation pour leur proche âgé ? Est-ce que la personne âgée atteinte de déficit cognitif mineur est toujours capable de prendre elle-même ses décisions de relocalisation ? Risque-t-on de recourir au principe de bienfaisance plus fréquemment qu’il ne faut quand il s’agit de relocaliser des personnes âgées atteintes de déficit cognitif mineur ? Est-ce que le principe du respect d’autonomie doit être redéfini dans le cadre du déficit cognitif mineur ? Quel est le rôle de la justice lorsque la décision de maintenir la personne âgée démente à domicile prend beaucoup de ressources communautaires ? Est-ce que le « principlism » tel que décrit par Beauchamp et Childress est un bon cadre pour la prise de décision de la relocalisation de la personne âgée atteinte de déficit cognitif mineur ?

La thèse sera développée en 4 articles qui répondent aux 4 questions :

1. Dans le cadre de la décision de relocalisation d’un patient souffrant de déficit cognitif, qui est le ‘client’, le patient ou la famille ?

2. Autonomie versus bienfaisance : dans le cadre de la prise de décision de la relocalisation, comment respecter l’autonomie du patient âgé atteint d’un déficit cognitif mineur ? Le principe du respect de l’autonomie a-t-il besoin d’être redéfini ?

3. Autonomie versus justice : quelle est la place de l’individu par rapport à la société dans la planification des congés de l’hôpital ?

4. Le « principlism » est-il un bon cadre pour la résolution des dilemmes éthiques au cours de la planification des congés de l’hôpital ? Quelles seraient les alternatives possibles ?


Présentation orale sur « Le Sens de Cohérence et l’observance des recommandations thérapeutiques par des diabétiques de type-2 » ACFAS, 2006.