Symposium Imagination et Narration en Éthique

Organisateurs : Michel Jean (doctorant, Université de Montréal) et Christine Tappolet (Université de Montréal).

Date : le mercredi 7 mai ; lieu: à venir.

Présentation de la journée

Quel rôle joue l’imagination dans le fait d’être un être moralement sensible? Y a-t-il un lien entre le fait de ressentir de la honte pour nos mauvaises actions et le récit que nous faisons de notre propre vie? Comment la fréquentation de la littérature ou du cinéma peut-il jouer un rôle dans la formation de notre jugement moral? Les limites de notre imagination sont-elles les limites de notre moralité? Les questions relatives à l’imagination et à la narration occupent une place importante en psychologie morale.

Ce symposium se veut un espace de rencontre sur des problématiques et des approches que l’on retrouve que de façon marginale en langue française. Nous croyons qu’il est important de stimuler la recherche, et particulièrement la recherche en langue française, dans ce champ de la philosophie qui est à la frontière entre la philosophie morale, la philosophie de l’esprit et la psychologie empirique. Les discussions se dérouleront ainsi en français. Toutefois, afin de nous assurer la participation de chercheurs venant de différentes universités, autant du Québec que du reste du Canada, quelques présentations seront faites en anglais. Ces présentations seront, autant que possible, accompagnées d’un complément didactique en français (feuille d’accompagnement, présentation PowerPoint, etc.). Tous les participants à ce symposium ont une connaissance du français leur permettant de suivre et de participer aux discussions.

Chaque présentation durera 25 minutes et sera suivie d’une période de discussion de 20 minutes.

Horaire

8h45-9h00 Accueil des participants et ouverture de la journée
9h00-9h45 Sheila Mason (Concordia University) : Imagination and Akrasia.
9h45-10h30 Martin Gibert et Morgane Paris (Université de Montréal) : Imagination et Empathie.
10h30-11h45 Pause
11h00-11h45 André Duhamel (Université de Sherbrooke) : Imagination, narration et dilemmes tragiques: le cas de Billy Budd.
11h45-12h30 Michel Jean (Université de Montréal) : Les émotions dans la formation de l’identité narrative.
12h30-14h00 Pause dîner
14h00-14h45 Heidi Maibom (Carlton University) : Imagining What Others Think.
14h45-15h30 Yvan Tétreault (McGill University) : La résistance aux mondes
fictifs moralement déviants.
15h30-15h45 Pause
15h45-16h30 Christine Tappolet (Université de Montréal) : Émotions et gestalt switch
16h30-17h15 Adam Morton (University of Alberta) : Imaginig Evil

Imagination and Akrasia
Sheila Mason (Concordia University)
Nous nous intéresserons ici aux relations entre l’imagination et l’Akrasie. Nous voulons examiner l’hypothèse que dans certains cas l’Akrasie, ou la faiblesse de la volonté, résulte d’un manque d’imagination et que dans d’autres elle résulte d’un manque de contrôle de l’imagination.

Imagination et Empathie
Martin Gibert et Morgane Paris (Université de Montréal)
L’empathie joue un rôle primordial dans l’attitude morale que j’ai envers autrui lorsqu’il est présent devant moi. Mais dans quelle mesure la représentation imaginée d’autrui peut-elle également susciter l’empathie? Nous nous proposons donc de comparer l’empathie « directe » et l’empathie envers un contenu imaginé.

Imagination, narration et dilemmes tragiques: le cas de Billy Budd
André Duhamel (Université de Sherbrooke)
Dans la discussion sur les dilemmes moraux en philosophie anglo-saxonne,
une nouvelle de Herman Melville, Billy Budd, marin, est souvent utilisée.
Nous voulons ici étudier les modalités de cette reprise.

Les émotions dans la formation de l’identité narrative
Michel Jean (Université de Montréal)
La notion d’identité narrative occupe une place importante dans la réflexion éthique contemporaine. Nous voulons ici examiner l’hypothèse que certaines de nos émotions morales, comme la honte, la fierté, l’indignation, sont étroitement liées à cette structure narrative et jouerait un rôle primordial dans le maintien de son intégrité.

Imagining What Others Think
Heidi Maibom (Carlton University)
What others think and feel is important to how we regulate our behavior, how we think of ourselves, and our attitudes towards them. It is often thought that imaging the thoughts and feelings of others is relevant to morality primarily through the production of empathy. For instance, empathy is thought to play an important role in motivating harm norms.
Comparatively speaking, imagining what others think of us has been regarded as less important in motivating moral norms. This paper focuses on this contribution to ethics of
the imagination and empathy.

La résistance aux mondes fictifs moralement déviants
Yvan Tétreault (McGill University)
Les récits de fiction comportent une importante asymétrie entre faits moraux et faits non moraux dans la détermination de ce qui est vrai « dans l’histoire ». Habituellement, les faits non moraux sont simplement déterminés par ce que l’auteur affirme. Les choses sont différentes lorsqu’il s’agit d’imaginer une situation dans laquelle nos valeurs morales sont remises en question. Nous voulons ici expliquer exactement en quoi consiste ce phénomène de « résistance imaginative » et pourquoi elle se manifeste. Plusieurs questionnent en fait la pertinence d’une analyse en termes de résistance, et argumentent plutôt à l’effet qu’une forme d’impossibilité conceptuelle est la véritable source du problème. Après avoir brièvement caractérisé la notion d’imagination et déterminé avec plus de précision la nature des récits problématiques, je vais examiner la littérature récente sur le sujet et défendre l’analyse en termes de résistance.

Émotions et gestalt switch
Christine Tappolet (Université de Montréal)
Les nombreuses analogies entre les émotions et les perceptions suggèrent que les émotions sont, en fait, des sortes de perception. La question qui m’intéresse est celle de savoir ce que la conception des émotions comme perceptions implique en ce qui concerne la dynamique émotionnelle. L’hypothèse que j’aimerais examiner est la suivante : ce qui se passe quand nous parvenons à passer de la tristesse à la joie alors que la situation objective n’a pas changé est comparable à ce qui se passe quand nous percevons des figures ambigües, comme celle du fameux canard-lapin, et que nous faisons l’expérience d’un gestalt switch.

Imagining Evil
Adam Morton (University of Alberta)
I shall argue that although it is not very difficult to imagine the motivation of some evil actions, we have several ways of preventing ourselves from doing it, and of pretending that what we are doing is not imagining evil. It may be a good thing that some of these ways exist.