La théorie des parties prenantes

Certainement l’un des apports conceptuels les plus populaires du domaine de l’éthique des affaires, la notion de « parties prenantes », popularisée par Edward Freeman en 1984, est aujourd’hui largement utilisée au sein des cercles académiques et politiques ainsi que dans le milieu des affaires. Par son articulation théorique, Freeman tente essentiellement de défendre deux postulats. Le premier, de nature descriptive, pose que la performance de la firme est directement reliée à celle de ses parties prenantes. Le second, cette fois de nature normative, affirme que les dirigeants d’entreprises ont des obligations «fiduciaires» non seulement envers leurs actionnaires, mais également envers l’ensemble de leurs parties prenantes. D’un point de vue philosophique, nous nous sommes intéressés d’un peu plus près au questionnement entourant la dimension normative de la théorie des parties prenantes. Il n’apparaît pas toujours aisé, tant d’un point de vue théorique que pratique, de soutenir les propositions de Freeman. Pourtant, la théorie de Freeman ne répond-t-elle pas à quelques-unes de nos intuitions les plus fondamentales? Nous examinons plus en avant les principales questions entourant ce débat théorique.