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La pandémie, les animaux et le militantisme végane

(English translation below)

À l’heure où plusieurs personnes cherchent des moyens de contrer la crise que nous traversons ou d’atténuer ses effets, d’autres s’attachent à réfléchir aux manières de prévenir les prochaines épidémies. La perte de la biodiversité et la consommation de viande sont pointées du doigt. Les animalistes ont-il raison de saisir l’occasion pour promouvoir le véganisme?

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Plusieurs des premiers êtres humains à avoir contracté le 2019-nCoV (maintenant appelé le SRAS-CoV-2) ont fréquenté un « wet market » de Wuhan, en Chine. Des animaux sauvages vivants y étaient notamment vendus puis abattus sur place, à la demande de consommateurs sélectifs qui apprécient le goût de leur chair ou en tirent des ingrédients utilisés dans la médecine chinoise traditionnelle. Dans ce marché, des animaux appartenant à des espèces qui se croisent rarement dans la nature étaient entassés dans des cages elles-mêmes empilées les unes sur les autres. Ainsi que l’explique le docteur Christian Walzer de la Wildlife Conservation Society, « les déjections d’un oiseau tombent sur une tortue, qui défèque à son tour sur une civette », ce qui favorise la transmission de microbes, virus, bactéries ou parasites inoffensifs pour les animaux qui en sont porteurs à des animaux qu’ils rendront malades. Des chauves-souris auraient d’abord transmis cette souche du coronavirus à un animal intermédiaire – le pangolin peut-être, une espèce en voie d’extinction dont on fait le commerce illégal pour sa viande et ses écailles – qui aurait ensuite infecté des visiteurs du marché avant de se propager (à l’ère de la globalisation où les déplacements de personnes et de marchandises ne connaissent pas de limites) à travers la population humaine mondiale.

Peu d’experts doutent du lien entre la consommation de viande d’animaux sauvages et la maladie du COVID-19. Or, un tel lien vaut aussi pour d’autres agents pathogènes et d’autres formes d’exploitation animale. Que l’on songe aux coronavirus ayant causé le SRMO (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient) ou le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), mais aussi au VIH/Sida ou encore à l’Ebola, que des êtres humains ont contractés de singes ou de chauves-souris lors de leurs activités de braconnage pour la viande de brousse et le commerce international (légal et illégal) d’animaux sauvages.

L’élevage comme menace pour la santé humaine

C’est surtout la destruction des habitats naturels des animaux et la perte de biodiversité qui sont toutefois pointées du doigt par les spécialistes. Les virologues autant que les écologistes déclarent que ce sont là les principales causes des deux tiers des zoonoses, c’est-à-dire des maladies transmises aux humains par des animaux non humains. Ces facteurs sont pourtant eux aussi étroitement liés à l’exploitation d’animaux, en particulier à l’élevage pour l’alimentation humaine. On lit en effet dans un rapport de la Banque mondiale sur la déforestation en Amazonie que « 91 % de l’augmentation de la surface déforestée (sic) a été converti en pâturages pour le bétail » (p. 9). À cela s’ajoutent toutes les coupes à blanc qui servent à libérer des espaces pour les transformer en plantations de soya, dont 75 % servira à nourrir le bétail. Or, plus la forêt recule, plus les animaux sauvages qui y vivent se retrouvent concentrés en bordure des champs. Il urinent sur les fruits ou les céréales que nous consommons ou donnons à nos animaux domestiques (qui servent alors de « passerelles » et d’« amplificateurs » à des éléments pathogènes pouvant, après un processus de mutation, nous être transmis).

L’élevage n’est pas responsable de l’émergence de zoonoses de manière indirecte seulement. Il est lui-même à l’origine de plusieurs des épidémies les plus meurtrières que nous avons connues, comme l’ESB (Encéphalopathie spongiforme bovine ou « vache folle ») ou encore les grippes H1N1 (« fièvre porcine » incluant la « grippe espagnole ») ou H5N1 et H7N9 (« grippes aviaires »). Le fait est qu’avec l’intensification des méthodes d’élevage, les fermes (même biologiques) deviennent de redoutables incubateurs pour les pathogènes. Comme l’explique le biologiste François Renaud à propos du H5N1, « c’est l’élevage industriel qui a créé les conditions de son succès, grâce à une concentration exceptionnelle d’oiseaux et une promiscuité des volatiles favorisant la transmission du virus. Le passage à l’homme, malgré la barrière inter-espèces, a fini par se faire du fait de cette concentration de volailles en un seul endroit et de conditions sanitaires dégradées ». Le même scénario se serait produit, ajoute-t-il, en 2009 avec l’apparition du H1N1 dans les élevages de cochons au Mexique.

Ensuite, et tel qu’on peut le lire dans un article du Monde diplomatique, « les montagnes de déjections produites par notre bétail offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations. Comme il y a infiniment plus de déchets que ne peuvent en absorber les terres agricoles sous forme d’engrais, ils finissent souvent par être stockés dans des fosses non étanches — un havre rêvé pour la bactérie Escherichia coli », provoquant diarrhées sanglantes, fièvre et insuffisances rénales aiguës chez l’humain. « Et comme il n’est pas rare que les déjections animales se déversent dans notre eau potable et nos aliments, 90 000 Américains sont contaminés chaque année. »

Pour contrôler les risques considérables que représentent les élevages concentrationnaires et plus généralement pour augmenter la productivité de l’industrie, on administre des doses importantes d’antimicrobiens aux animaux. Cette pratique favorise considérablement le développement de la résistance des micro-organismes aux antibiotiques, antiviraux ou antipaludiques, ce qui représente un problème de santé publique qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, entraînerait la mort 700 000 personnes chaque année.

Des arguments sanitaires avancés par les animalistes

Tout cela fait dire à de nombreux animalistes que la meilleure manière de réduire la probabilité que des crises semblables à celle que nous traversons se produisent dans l’avenir serait de renoncer à nous nourrir des animaux ou de les exploiter d’une autre façon (en les chassant notamment), de même qu’à protéger leurs habitats naturels en cessant de les coloniser ou de les polluer. Élodie Vieille-Blanchard, présidente de l’Association végétarienne de France, conclut une tribune sur le sujet en soutenant que « l’industrie de l’élevage fait porter des risques largement inconsidérés sur la population, mais reste maintenue coûte que coûte à grand renfort de subventions, de publicités et de soutiens politiques à l’opacité des filières ». Ces risques, selon le philosophe Michael Huemer, on les fait courir plus injustement encore aux personnes qui, s’abstenant de nourritures animales, ne contribuent nullement à les augmenter. Les animalistes qui se préoccupent des animaux et de leurs intérêts individuels ont-ils raison d’insister ainsi sur les risques que représente leur exploitation pour la santé humaine?

Au sein même de la communauté végane, de vifs débats portent sur les meilleures stratégies militantes à adopter. Plusieurs pensent que tout ce qui peut inciter à faire un pas dans la bonne direction doit être encouragé. Se revendiquant souvent du pragmatisme, ces animalistes sont favorables à une grande diversité des tactiques, y compris la formulation de revendications pour apporter de modestes améliorations des conditions d’élevage ou le recours à des arguments anthropocentrés. On se dit que rien ne se fait jamais que par étapes et que les animaux sont indifférents aux raisons qui nous pousserait à abolir leur exploitation, pourvu que nous le fassions. On rappelle enfin que, lorsque des gens réduisent initialement leur consommation de viande pour des motifs indépendants d’un souci des animaux, ils sont ensuite plus ouverts aux arguments relevant de l’éthique animale.

D’autres estiment, au contraire, qu’il vaut mieux ne faire aucun compromis, et réclamer ni plus ni moins que ce que la justice exige pour les autres animaux. Selon eux, nous ne devrions pas sous-estimer la capacité des gens à saisir les enjeux de justice animale et cacher nos véritables ambitions. La priorité est de faire vaciller les piliers de l’idéologie spéciste ou carniste sur lesquels reposent l’exploitation des animaux. Et pour y parvenir, il faut mettre ces animaux au centre des discours et actions politiques des militants. La manière la plus prometteuse d’arriver à rompre avec le suprémacisme humain et d’obtenir l’abolition de l’exploitation animale ne passera pas, soutiennent-ils par la promotion d’intérêts humains. Une telle stratégie serait inefficace, mais aussi moralement douteuse, aussi douteuse que le serait une campagne pour mettre fin aux violences domestiques axées sur la nécessité que les femmes soient en bonne santé pour que l’économie soit florissante.

Pour les abolitionnistes soucieux de dénoncer clairement l’exploitation des animaux au nom de nos devoirs de justice envers eux, il n’est donc pas question de clamer qu’un monde végane serait un monde où les épidémies auraient (presque) disparu. Et parmi ces personnes, celles qui caressent l’espoir d’une zoopolis s’inquiètent en outre de la stratégie consistant à décrire les animaux non humains comme des « réservoirs » de virus ou de parasites, des êtres porteurs de microbes dont il faudrait se méfier. Annaelle Jacques-Morel soutient sur les réseaux sociaux qu’un monde dans lequel les êtres humains ne mangeraient plus les animaux ne serait pas exempt de contacts avec eux. Au contraire, les animaux domestiqués, désormais considérés comme nos concitoyens, auraient bien davantage accès aux espaces publics et il ne serait évidemment plus question d’exterminer les rats qui pourraient s’aventurer dans les restaurants ou les marchés d’alimentation. Présenter les animaux comme des êtres sales, dégoûtants et dangereux pour la santé humaine pourrait certes nous motiver à fermer définitivement les « wet markets » et même à améliorer les conditions sanitaires des fermes industrielles, mais cela pourrait également nous inciter à tuer des animaux plutôt qu’à leur accorder enfin un juste statut moral et politique. À cet égard, les actions prises dans le passé pour contenir les épidémies (abattage massif de cochons ou d’oiseaux soupçonnés d’être porteurs d’un virus) sont bien décourageantes.

Pour nombre d’animalistes, il est donc à la fois déplacé et imprudent de brandir l’argument de la menace épidémiologique pour faire avancer la cause des animaux. En cela, ils rejoignent toutes celles et tous ceux qui jugent à l’inverse indécente l’instrumentalisation de l’immense souffrance des victimes (directes ou indirectes) du COVID-19 pour faire avancer la cause environnementale ou animale.

D’un autre côté, on peut se demander s’il est bien nécessaire de choisir entre la justice animale et la santé humaine. Ne peut-on pas se préoccuper sincèrement de l’une autant que l’autre? Il serait évidemment révoltant que des gens en viennent à se réjouir du malheur de certains parce que cela donnerait l’occasion d’opérer des changements par ailleurs souhaitables. En revanche, rien ne semble plus approprié, dans la situation actuelle, que de réfléchir aux façons d’éviter que de nouvelles pandémies n’apparaissent tout en gardant à l’esprit les autres enjeux éthiques. Le traitement que l’on réserve aux autres animaux et la destruction ou la préservation de leurs habitats peuvent avoir d’importantes conséquences dans le domaine de la santé publique humaine. Il est impératif de le reconnaître et d’en tenir compte. Mais la manière dont nous nous comportons à l’endroit des autres animaux pris individuellement est également un enjeu de justice. Et les animalistes ont raison de le rappeler. Fort heureusement, il n’est point besoin de choisir ce qui doit être privilégié puisque, comme le remarquent les signataires d’une tribune parue récemment dans le journal Libération : « la crise sanitaire présente et celles à venir voient les intérêts vitaux des humains et des animaux converger ».

Par Valéry Giroux

Ce texte a aussi été publié dans la revue en ligne L’Amorce.co.

Remerciements: Merci à Christiane Bailey, Vincent Duhamel et Renan Larue pour leurs commentaires.

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While many people are looking for ways to counter the health crisis we are experiencing or to mitigate its effects, others are thinking about how to prevent future pandemics. The loss of biodiversity and meat consumption are being singled out. Are animal advocates right to use the links between COVID-19 and animals to promote veganism?

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The pandemic, animals and vegan activism

Several of the first humans to contract 2019-nCoV (now known as SARS-CoV-2) attended a « wet market » in Wuhan, China. Live wild animals were sold there and then slaughtered on the spot, at the request of selective consumers who desire the taste of their flesh or derive ingredients used in traditional Chinese medicine. In this market, animals belonging to species that rarely cross in the wild were piled up in cages that were themselves stacked on top of each other. As Dr. Christian Walzer of the Wildlife Conservation Society explains, « you have a bird pooping on a turtle that poops on a civet, » which encourages the transmission of microbes, viruses, bacteria or parasites that, while harmless to the animals who carry them, can make other animals sick. Bats are believed to have first transmitted this strain of coronavirus to an intermediate animal – perhaps a pangolin, an animal from an endangered species traded illegally for its meat and scales – which then infected market visitors before spreading (in an era of globalization where the movement of people and goods knows no bounds) through the entire world’s human population.

Few experts doubt the link between the consumption of meat from wild animals and COVID-19 disease. However, a similar link also applies to different pathogens and other forms of animal exploitation. These include coronaviruses that have caused MERS (Middle East Respiratory Syndrome) or SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome), but also Ebola, which humans have contracted from bats in the context of the while poaching in the context of the international trade (legal and illegal) in wildlife.

Livestock farming as a threat to human health

The destruction of the natural habitats of animals and the loss of biodiversity are, however, the main issues pointed out by specialists. Virologists and ecologists alike state that these are the main causes of two thirds of zoonoses, i.e. diseases transmitted to humans by non-human animals. However, these factors are also closely linked to the exploitation of animals, especially breeding them for food. A World Bank report on deforestation in the Amazon states that « 91 percent of the increment of the cleared area has been converted to cattle ranching » (p. 9). In addition, all clear-cutting is being used to free up space for soybean plantations, 70-75% of which will be used to feed livestock. As the forest recedes, the more the wild animals who live in it become concentrated along the edges of the fields. They urinate on the fruits or grains we eat or give to our companion animals (who then act as « gateways » and « amplifiers » for pathogens that can be transmitted to us through a process of mutation).

Animal husbandry is not responsible for the emergence of zoonoses only indirectly. It is itself the cause of several of the most deadly epidemics we have known, such as BSE (Bovine Spongiform Encephalopathy or « mad cow disease »), H1N1 (« swine influenza » including « Spanish flu ») or H5N1 and H7N9 (« avian influenza »). The fact is that with the intensification of breeding methods, farms (even organic ones) become formidable incubators for pathogens. As biologist François Renaud explains about H5N1, « industrial breeding has created the conditions for its success, thanks to an exceptional concentration and the promiscuity of birds that favors the transmission of the virus. The passage to humans, despite the inter-species barrier, was eventually made possible due to this concentration of poultry in a single place and the degraded sanitary conditions ». The same scenario would have occurred, he adds, in 2009 with the appearance of H1N1 in pig farms in Mexico.

Then, as we read in an article in Le Monde diplomatique, « the mountains of dung produced by our livestock offer other opportunities for animal microbes to infect people. Since there is infinitely more waste than farmland can absorb in the form of fertilizer, it often ends up being stored in leaky pits – a haven for Escherichia coli bacteria, » causing bloody diarrhea, fever and acute kidney failure in humans. « And because it is not uncommon for animal feces to enter our drinking water and food, 90,000 Americans become infected each year. »

In order to control the considerable risks posed by concentration farming and more generally to increase the productivity of the industry, animals are administered high doses of antimicrobials. This practice significantly promotes the development of resistance of microorganisms to antibiotics, antivirals or antimalarials, which represents a public health problem that, according to the World Health Organization, is responsible for the death of 700,000 people each year.

Health arguments put forward by animal advocates

All this leads many animal advocates to believe that the best way to reduce the likelihood of future crises like the one we are experiencing would be to stop eating or otherwise exploiting animals (including hunting) and to protect their natural habitats by putting a stop to colonizing or polluting them. Élodie Vieille-Blanchard, president of L’Association végétarienne de France, concluded a panel discussion on the subject by arguing that « the livestock industry poses risks that are largely inconsiderate of the human population, but remains maintained at all costs by means of subsidies, advertising and political support for the opacity of the industry. These risks, according to the philosopher Michael Huemer, are even more unfairly imposed on people who, by abstaining from animal products, do not contribute to increasing them. Are activists who are concerned about animals and their individual interests right to insist on the risks that their exploitation represents for human health?

Within the vegan community itself, there is a lively debate about the best activist strategies to adopt. Many believe that anything that can encourage a step in the right direction should be encouraged. Often claiming to be pragmatic, these animal activists favour a wide variety of tactics, including making demands for modest improvements in farming conditions or using anthropocentric arguments (based on the benefits of a plant-based diet for human health or for the environment in which the future generations of human beings will find themselves, for instance). They say that nothing is ever done but in stages and that animals are indifferent to the reasons why we should abolish their exploitation, as long as we do so. Finally, they recalled that when people initially reduce their meat consumption for reasons that are independent of concern for animals, they are then more open to arguments for animal ethics.

Others, on the contrary, believe that it is better to make no compromises, and to demand no less than what justice demands for other animals. In their view, we should not underestimate people’s ability to grasp animal justice issues and hide our true ambitions. The priority is to shake the pillars of the speciesist or carnist ideologies on which animal exploitation is based. And to achieve this, we need to put nonhuman animals at the center of activists’ political discourses and actions. The most promising way to break with human supremacism and achieve the abolition of animal exploitation will not come about, they argue, through the promotion of human interests. Such a strategy would not only be ineffective, but as morally dubious as a campaign to end domestic violence focusing on the need for women to be healthy so that they can work and contribute to the flourishing of the economy.

For abolitionists who see it as our duty to denounce the exploitation of animals in the name of justice, it is not an option to focus on the fact that a vegan world where epidemics that threaten human beings have (almost) disappeared. And among these people, those who hope for a zoopolis also worry about the effects of a strategy describing nonhuman animals as « reservoirs » of viruses or parasites, or beings carrying harmful microbes. Annaelle Jacques-Morel, an activist from Montreal, argues on social networks that a world in which humans no longer eat animals would not be free of contact with them. On the contrary, domesticated animals, if considered as our fellow citizens, would have much more access to public spaces and it would obviously be prohibited to exterminate rats that might venture into restaurants or food markets. Presenting animals as dirty, disgusting and dangerous to human health could certainly motivate us ban wildlife animal trade, close down « wet markets », and even improve the sanitary conditions of factory farms, but it could also encourage us to kill animals rather than finally giving them a fair moral and political status. This is apparent in past actions taken to contain epidemics, i.e. mass slaughter of pigs or birds suspected of carrying a virus.

For many animal advocates, it is therefore both inappropriate and unwise to use the argument of epidemiological threat to advance the cause of nonhuman sentient animals. In this, they join all those who consider it indecent to use the immense suffering of the victims (direct or indirect) of COVID-19 to advance the environmental or animal cause. Especially when this has the effect of fostering racism towards the members of the communities in which the virus is believed to have begun to spread.

On the other hand, one may wonder whether it is really necessary to choose between animal justice and human health considerations. Can’t we sincerely care about one as much as the other? To rejoice in the misfortune of some because of the benefits it could help bring about for others would obviously be revolting if people came. That said, nothing seems more appropriate in the current situation than to reflect on ways to avoid new pandemics while keeping in mind other ethical issues. The treatment of other animals and the destruction or preservation of their habitats can have important consequences for human public health. It is imperative that this be recognized and taken into account. But how we behave towards other sentient individuals is also an issue of justice. And animal advocates are right to point this out. Fortunately, there is no need to choose what should be privileged since, as the signatories of a recent column in the French newspaper Libération noted: « the present health crisis and those to come see the vital interests of humans and animals converge« .

By Valéry Giroux

Acknowledgements: Thanks to Christiane Bailey and Vincent Duhamel for their useful comments and Dave Burt for his help with the translation of this blog post.

Crédit photo: José Ignacio García Zajaczkowski.