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Langage et concepts : quelle(s) relation(s) avec le monde ?

Appel à communications
Symposium dans le cadre du congrès annuel de la Société de Philosophie du Québec (SPQ)
8 au 12 mai 2017, Université McGill

Langage et concepts : quelle(s) relation(s) avec le monde ?

En tant qu’êtres doués de langage, les humains utilisent celui-ci afin de comprendre le monde et référer à ses différents objets. Lorsqu’on s’y arrête, il semble toutefois relativement intuitif de soutenir que tous les objets du monde n’ont pas le même statut ontologique. Le soleil, un arbre, la tour Eiffel, un édifice, la démocratie, la justice et Sherlock Holmes sont tous des « objets » (au sens large du terme) auxquels nous pouvons référer et dont nous pouvons discuter, pourtant, ils ne semblent pas tous exister de la même façon. Cependant, dans tous ces cas, notre langage et nos concepts nous permettent de faire différentes descriptions de ces objets ; quoiqu’encore une fois, il semble bien que ces descriptions n’ont pas toutes le même statut : certaines sont appropriées ou vraies, d’autres sont inappropriées ou fausses (entre autres choses). Deux types de questions se posent alors. D’une part, comment le langage et les concepts façonnent-ils nos expériences du monde et des objets que nous découvrons ou créons dans le monde ? D’autre part, les critères de rectitude ou de vérité de nos concepts et descriptions varient-ils en fonction des types d’objets que nous tentons de décrire (si de tels types existent), et si oui, de quel ordre sont ces différentes variations ?  Cette problématique, très large, peut être développée autant du point de vue des enjeux fondamentaux qu’elle implique, qu’en ce qui a trait à ses conséquences pratiques. Ainsi, dans le cadre de ce symposium, des contributions sont espérées dans plusieurs domaines de la philosophie : métaphysique, métaéthique, philosophie de la connaissance, philosophie du langage, philosophie des sciences pures ou humaines, éthique appliquée, philosophie politique, de la médecine, du droit, études féministes, etc.

Pour ne donner que quelques exemples, du point de vue des enjeux fondamentaux, les questions suivantes viennent rapidement à l’esprit. Les objets du monde existent-ils indépendamment de nos esprits ou sont-ils (au moins dans un sens) créés par nos représentations et descriptions ? Si nous pouvons intuitivement considérer qu’une pluralité d’objets existent indépendamment de nos esprits (comme le Soleil et les arbres), comment rendre compte du statut ontologique des objets qui semblent créés par nos représentations (comme la démocratie et la justice) ? Ce faisant, doit-on faire une distinction ontologique entre divers types d’objets (p. ex. les objets matériels, concrets, abstraits, fictifs, etc.) ? Lorsque nous considérons les conditions de rectitude ou de vérité des concepts ou descriptions référant à ces différents types d’objets, doit-on conclure que ces conditions varient en fonction des types d’objets considérés ? Dans tous ces cas, quelle est la relation entre la réalité, la vérité, la connaissance et la justification ? Encore une fois, cette relation varie-t-elle selon les différents types d’objets que nous considérons ?

Par ailleurs, outre les questions d’ordre fondamental, la relation entre le monde qui nous entoure et le langage que nous employons a aussi de nombreuses implications pratiques : quelle(s) conséquence(s) y a-t-il à utiliser un concept plutôt qu’un autre pour décrire une réalité empirique ou sociale ? Cette question se pose avec acuité en philosophie de la médecine ; par exemple, dire qu’un individu souffre d’une « maladie » implique une étiquette plus lourde à porter que de simplement affirmer qu’il ou elle « ne va pas bien ». De même, en études féministes, la création de nouveaux concepts a permis de décrire des réalités aujourd’hui bien connues, alors que les femmes n’arrivaient pourtant généralement pas à nommer ces réalités avant la création de ces concepts ; ce fut notamment le cas avec la création de l’expression « harcèlement sexuel » dans les dernières décennies. En philosophie du droit et en philosophie politique, le questionnement sur le rapport entre monde et langage ne date pas de l’époque contemporaine. Déjà, Platon et Aristote réfléchissaient à l’importance des concepts dans nos vies collectives. Aujourd’hui, la philosophie du droit est encore façonnée par de telles réflexions, au point où H. L. A. Hart emprunta la philosophie du langage ordinaire à J. L. Austin pour expliquer l’incertitude intrinsèque aux formulations du droit positif. Les dernières réflexions en éthique appliquée apportent aussi leur lot de controverses, notamment en ce qui a trait aux évaluations institutionnelles et organisationnelles.

Voici seulement quelques pistes de réflexion que peuvent emprunter ceux et celles qui répondront à cet appel. Les organisateurs demeurent ouverts à toutes les suggestions, mais les propositions portant sur ce type de questions seront privilégiées.

Toute personne intéressée à participer à ce symposium doit :

  • Soumettre un résumé de sa communication (environ 1500 caractères espaces comprises) au plus tard le lundi 5 décembre à l’une des adresses des deux organisateurs du symposium : lacroix.7@ulaval.ca ou hugo.tremblay.10@ulaval.ca;
  • Le document soumis doit inclure le nom du conférencier, son affiliation institutionnelle, son statut (étudiant, professeur, etc.) ainsi que son adresse électronique ;
  • Les conférenciers doivent prévoir une présentation d’une durée d’environ 20 minutes, qui sera suivie d’une période de discussion d’environ 10 minutes.

Il est à noter qu’en tant que projet de symposium soumis au congrès à la SPQ, ce symposium demeure conditionnel à l’acceptation du projet par les organisateurs du congrès.

Organisateurs

Sébastien Lacroix, Faculté de philosophie, Université Laval, Québec, sebastien.lacroix.7@ulaval.ca
Hugo Tremblay, Faculté de Philosophie Université Laval, Québec, hugo.tremblay.10@ulaval.ca