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Le parlement comme espace de délibération : une mauvaise utopie ?

Ateliers de la démocratie, avec Dominique Leydet, Université du Québec à Montréal.

Délibération et parlement ne font pas bon ménage. Plusieurs déplorent l’atmosphère de cirque qui prévaut dans les assemblées parlementaires et dénoncent leurs simulacres de débats. Cette situation, qui n’est pas nouvelle, n’en est pas moins paradoxale puisque l’assemblée parlementaire a pour vocation d’être le lieu de jonction entre délibération et représentation. Doit-on faire le deuil du parlement comme lieu de la délibération ? Si oui, ne pourrait-on pas concevoir que les débats parlementaires n’en contribuent pas moins à la délibération démocratique entendue dans un sens plus large ? Dans ma présentation, j’évoquerai d’abord la conception classique de l’assemblée parlementaire comme espace de délibération, laquelle reposait sur l’idée que le représentant peut être à la fois un plaideur et un juge. J’examinerai ensuite l’alternative, proposée récemment, qui défend une conception « distribuée » de la délibération démocratique. Celle-ci permet de penser un partage des rôles entre, d’un côté, les représentants, ayant pour seule fonction de plaider leur cause devant le public et, de l’autre, l’électorat, appelé à juger des plaidoyers partisans en fonction de l’intérêt commun. Mon but est de montrer les limites de cette alternative : un débat parlementaire entièrement soumis à la dynamique compétitive des rapports partisans ne peut contribuer de façon significative au jugement des électeurs. Nous sommes donc reconduits à la tâche non pas d’éliminer la dynamique partisane de la scène parlementaire, mais plutôt de la tempérer.